mardi 25 août 2015

What about [...] Le crime du Comte Neville [...] Amélie Nothomb

    Amélie Nothomb, Le Crime du Comte Neville, Albin Michel, 134 p.

     

    Résumé :


    « Ce qui est monstrueux n’est pas nécessairement indigne. »

    Mon avis :

     

    Enfin je retrouve du Nothomb digne d'Hygiène de l'Assassin (ma chronique : ici) !
    Ce court roman, tirant plutôt sur la Nouvelle, est l'affaire d'une heure. Mais quelle heure délicieuse.

    Je suis ravie de cette lecture qui annonce officiellement ouvert le bal de la Rentrée Littéraire 2015, et qui, je l'espère, annonce également les prémices de grands moments de lecture.

    Dans cet ouvrage, Amélie nous dépeint la détresse de l'adolescence vécue à travers Sérieuse, 17 ans. Cette dernière est tourmentée, comme nombreux le sont à l'aube de l'âge adulte, car elle ne ressent plus aucun sentiment. 
    "J'ai même profité d'une atroce rage de dents, que je vous ai cachée dans l'espoir d'être enfin atteinte, tu comprends l'attente que je place dans le mot atteinte?"

    A l'issue de ma lecture, une question subsiste : ce roman serait-il autobiographique ? Serait-ce son propre ressenti qu'Amélie nous dépeint dans ce roman ?

    L'intrigue se déroule en 2014 dans le château de Pluvier, situé dans les Ardennes Belges, si chères à notre écrivain. L'histoire s'ouvre sur une prophétie annoncée par une sorcière qui va tenir lieu de fil conducteur à l'intrigue. Les événements qui vont venir se greffer autour de cette tragédie nous sont contés à travers la vision du père.

    Chaque printemps, le chef de famille Monsieur le Comte Neville, organise une fête grandiose dans leur château branlant. Mais cette année, l'amertume le gagne puisqu'il s'agira de la dernière garden-party donnée à Pluvier puisque sa famille est totalement désargentée et donc dans l'obligation de vendre leur bien. C'est donc impuissant, qu'Henri, assiste en plus de tous ces drames, à la déchéance de sa fille cadette. Bien qu'impuissant, il a conscience de reproduire exactement l'attitude rebutante que son père avait adopté avec lui et sa petite sœur dans leur enfance. Henri s'est toujours conduit comme si le but de l'existence consistait à recevoir ses pairs. Je pense qu'Amélie Nothomb, à travers ce roman, dénonce et condamne de nombreuses attitudes, que peut-être, elle même a pu ressentir durant sa jeunesse.

    L'auteur nous parle avec exactitude des maux de l'enfance bourgeoise des années 2000, qui tente de s'adapter impuissante face aux frivolités de son entourage. Tout n'est que faste en apparence, mais dès lors que Sérieuse sonde un peu la vérité qui l’entoure, elle se rend compte que tout n'est qu'apparat mis en scène pour déguiser le mensonge qui l'entoure. 

    En parallèle, l'auteur nous dresse rapidement le portrait de l'enfance noble des années 194... à travers le vécu du père. L'auteur nous confronte aux réalités que sont ces enfances, vécues et subies à deux époques bien différentes.

    J'ai néanmoins été touchée par l'amour que porte Henri, à sa femme Alexandra de 20 ans sa cadette.

    De brèves références sont également faites à l’œuvre d'Oscar Wilde : "Le crime de Lord Arthur Savile". Mais aussi de nombreuses références inspirées de légendes Grecques (notamment par le biais des prénoms donnés au frère et à la sœur de Sérieuse). Son texte est intéressant puisque l'intrigue est construite à l'envers. Ici l'auteur nous annonce qu'un crime va avoir lieu. Nous avons déjà le criminel, manque plus qu'à trouver le coupable. Plutôt atypique vous ne trouvez pas?

    Et enfin, un dernier point qui découle de mon appréciation strictement personnelle, mais non pas des moindres : la chute. Lors de mes précédentes lectures (sauf pour Pétronille ou Hygiène de l'Assassin), les fins que nous proposait Amélie Nothomb ne me convenaient absolument pas. Je les trouvais trop brèves bien que souvent inéluctables. C'est généralement ce qui pouvait gâcher tout le ressenti qu'il me restait sur ma lecture. Et pour une fois, cette fin là a trouvé grâce à mes yeux parce que l'auteur a réussi à me surprendre.

    En résumé, je vous conseille vivement la lecture de cette nouvelle si vous désirez passer un bon moment grace à l'efficacité de la plume d'Amélie Nothomb. A déguster comme moi, avec un bon petit thé, au chaud.


    Ma note :




    4 commentaires:

    1. Amélie est toujours étonnante dans ses récits en mêlant intrigue, vocabulaire riche, patronymes surprenants et du savoir-vivre singulier. Personnellement, j'adore !

      RépondreSupprimer
      Réponses
      1. Je suis d'accord avec toi. C'est un déjà un personnage à elle seule, mais ses romans sont vraiment de bons petits moments de lecture.

        Supprimer