mercredi 22 avril 2015

What about [...] L'oeuvre de Dieu la part du diable [...] John Irving

AuteurJohn Irving
TraductionJean-Michel Guenassia
EditeurPoints
Date de parution11/09/2014
CollectionPoints Signatures
ISBN2757845381

 

Résumé :

 
« Ici à Saint Cloud’s, nous n’avons qu’un seul problème. Il se nomme Homer Wells. Nous sommes parvenus à faire de l’orphelinat son foyer, et c’est cela le problème. » Dans l’orphelinat de Saint Cloud’s, l’excentrique Dr Larch officie de manière très spéciale. Il assure « l’œuvre de Dieu » en mettant au monde des enfants non désirés et réalise « la part du diable » en pratiquant des avortements clandestins. Homer Wells, le protégé de Wilbur Larch, ne se voit pas vivre ailleurs qu’à Saint Cloud’s. Auprès de ce dernier, il va apprendre le « métier », et peu à peu tracer son chemin en s’éloignant avec audace des plans du docteur. Mais s’il part, saura-t-il s’adapter ?
 



 

Mon avis :

 
Je crois que ce livre restera un des livres qui auront marqué le plus profondément mes souvenirs de lectrice assidue. Je viens tout juste de l'achever et je serais pourtant déjà prête à le recommencer. Depuis le début. En refermant le livre, j'ai fermé les yeux, j'ai fais le vide et je me suis mise à penser ; et surtout à me questionner : comment réussir à vous parler d'un tel chef d'oeuvre.
Avant, je me cantonnais à lire uniquement des romans d'écrivains Français, parce que, exempt de tout travail de traduction, je trouvais la qualité des écrits nettement meilleurs. Maintenant, que je m'intéresse de plus en plus aux auteurs américains, mon estime pour leur travail à gagner du terrain. 

John Irving fait partit des écrivains qui mettent plusieurs années avant de publier un roman (sept ou huit ans). Il écrit son texte dans des cahiers, à l'ancienne, le relis, le modifie, sans cesse. Il voyage énormément et rencontre un nombre incalculable d'hommes et de femmes qui lui permettent d'écrire justement sur les thèmes qu'il choisit. Lorsque vous ouvrez ce roman, de nombreuses annotations vous renvoyant à la fin du livre, vous permettent de comprendre d'où John Irving tient la véracité de ce qu'il évoque. 

Je vais vous dire une chose, pour moi, cet homme,  représentante la quintessence même de l'écriture.

L'histoire est sans conteste, magnifique et touchante. L'auteur décide de nous dépeindre le quotidien d'un orphelinat situé à Saint Cloud's dans le Maine durant les années 1930-1950. Ce refuge pour enfants et pour femmes est dirigé par le docteur Wilbur Larch, asissté par deux infirmières, Angela et Edna. Cet homme décide d'accomplir l’œuvre de Dieu, en accouchant et en recueillant les bébés des femmes qui ne peuvent les conserver auprès d'elle. Mais, il accomplira également "la part du Diable" en avortant les femmes qui ne désirent pas poursuivre leur grossesse. Au fur et à mesure de l'avancée du roman, nous allons suivre le destin de divers protagonistes : le docteur Wilbur Larch, mais aussi l'orphelin 'bédouin' Homer Wells. L'auteur va nous permettre de côtoyer quotidiennement les orphelins (attendez-vous à vous attacher à eux), le personnel encadrant avec le Docteur ainsi que ses deux infirmières. Mais nous allons également suivre la vie d'un personnage en particulier, Homer Wells. Nous le suivrons depuis sa naissance, à sa fin de vie, tout au long de ses aventures.

John Irving arrive à jongler d'un point de vue à un autre d'une manière extraordinaire. Beaucoup d'écrivains encombrent leurs œuvres de nombreux chapitres, ce qui, leur permettent de changer de personnages ou de points de vue assez facilement. John Irving, lui, construit de nombreuses "phrases ouvertes" qui lui permettent grace à un certain sujet de rebondir sur un autre personnage sans même que nous en ayons réellement conscience. Et oui, seulement 11 chapitre pour 724 pages, il a fallu trouver une autre astuce. Les descriptions y sont tellement précises et travaillées qu'on aurait l'impression de connaitre St Clourd's, la ville de Bath, ou encore la ferme d'Olive Worthington.

Ce que j'ai littéralement adoré dans cet ouvrage ce sont les thèmes sur lesquels décide d'écrire l'auteur. Irving nous parle d'un orphelinat où vivent d'attachants orphelins, et, où ont lieu des avortements illégaux à cette époque. L'auteur nous expose divers points de vue à travers ses personnages. Jamais il ne fait l'éloge ou l'apologie de l'abandon, des avortements, ou parfois des attitudes immorales de ses personnages. J'ai aimé, bien plus que de raison, le personnage d'Homer Wells. Son caractère qui, candide, dépourvu de toute méchanceté, doux et tendre, nous donne à tous une belle leçon de vie. Il n’émet jamais de jugements négatifs sur les autres, il est là, en temps que spectateur et observe les actes de son entourage avec un seul mot à la clef "d'accord". Quand on nait orphelin, on ne le reste à vie selon Homer. En parallèle, nous avons aussi de féroces personnages aux caractères bien trempés. Je pense notamment à une orpheline du nom de Melony, vrai garçon manqué. D'autres personnages secondaires, occupent également une place très importante dans cet ouvrage. Mais ce n'est pas tout. L'auteur évoque d'autres sujets qui le tienne à cœur comme la dureté du travail industriel d'entre deux guerres ; ou encore l'abandon d'enfants - lui même n'ayant jamais connu son père -.

John Irving est un auteur qui prend le temps de poser son intrigue. Au début du roman, il nous décrit Saint Cloud's et prend la peine de nous expliquer comment est né l'orphelinat. Il fait le même travail et s'implique énormément dans ses personnages. Ils les chouchoutent, les décrit longuement, nous laisse pénétrer dans les méandres de leurs pensées les plus intimes. Je me suis tellement attachée à Homer Wells et Ange Wells (le fil de notre protagoniste), que je ne sais absolument pas comment je vais pouvoir ouvrir à nouveau un livre.

Irving cite également les auteurs qui le tiennent à cœur comme Charles Dickes avec "David Copperfield", "Les espérances", et un clin d'œil à "La petite Dorrit". Mais aussi, Charlotte Brontë avec "Jane Eyre". Je pense que ce seront mes prochaines lectures.

Ce livre dégage une telle force, et, le message de bonté et d'altruisme qu'il véhicule, a été pour moi une grande claque. Je crois qu'il a changé à jamais ma vision des choses. L'indulgence est ce que ce roman m'aura beaucoup appris.
 

Ma note :

7 commentaires:

  1. Waouh quelle chronique !!! J'ajoute ce livre sur ma Wishlist de ce pas !

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  2. Ah vraiment une énorme énorme coup de de cœur <3

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  3. Waouh !!! Encore un auteur que je dois découvrir !!!
    Bravo pour ce beau billet !

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    1. Merci beaucoup :) oui j'avoue que je suis passionnée quand je repense a cette lecture.

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  4. Mon livre préféré. Je le relis régulièrement depuis de nombreuses années.
    Votre chronique traduit bien ce que j'en pense.
    Par contre, un conseil, fuyez le film qui ne rend pas les personnages comme ils sont réellement dans le livre.

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    1. Et bien nous avons un point commun me semble-t-il car il s'agit également de mon livre préféré. J'ai déjà visionné le film et j'avoue ne pas l'avoir particulièrement aimé. Surtout après avoir lu le livre ...

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  5. J'ai beaucoup aimé ce roman également, c'est sans doute un de ceux qui m'ont le plus marquée. "Le monde selon Garp" est aussi assez inoubliable, en raison surtout d'une scène très très particulière au tout début du roman. "A moi seul bien des personnages" est le dernier Irving que j'ai lu, et un des plus récents et malgré le temps qui passe, il faut bien constater que ses romans sont toujours aussi bons.
    John Irving est grand !

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