mardi 24 mars 2015

What about [...] Sukkwan Island [...] David Vann


Traduction Laura Derajinski
Editeur Gallimard
Date de parution 30/08/2012
Collection Folio
ISBN 2070445526

Résumé : 


«Le monde à l’origine était un vaste champ et la Terre était plate. Les animaux de toutes espèces arpentaient cette prairie et n’avaient pas de noms, les grandes créatures mangeaient les petites et personne n’y voyait rien à redire. Puis l’homme est arrivé, il avançait courbé aux confins du monde, poilu, imbécile et faible, et il s’est multiplié, il est devenu si envahissant, si tordu et meurtrier à force d’attendre que la Terre s’est mise à se déformer.»

Une île sauvage de l’Alaska, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C’est dans ce décor que Jim emmène son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d’échecs, il voit là l’occasion d’un nouveau départ. Mais le séjour se transforme vite en cauchemar…
Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable, une expérience littéraire inoubliable. 


Mon avis :

 

 J'ai lu ce livre après avoir découvert la vidéo du Rouquin Bouquine dont le lien se trouve ici : clique.
Et quel roman ! Quel auteur ! Quel chroniqueur ! Enfin de la qualité sur la toile avec quelqu'un qui parle de livre qui ne sont pas de la YA ! Merci.

Néanmoins quand on lit de réels bons romans, il n'est vraiment pas aisé de leur rendre justice à travers une chronique. J'ai achevé ma lecture ce matin et je dois avouer que ce livre m'a fait l'effet d'un coup de point. Publié en 2010, l'ouvrage a été récompensé par le prix Médicis étranger. Impossible de me projetter sur ma prochaine lecture. Cette lecture une fois achevée ne vous laissera pas indemne.

Un père nommé Jim décide d'emmener son fils Roy âgé de 13 ans sur une ile en Alaska afin de vivre durant une année en pleine nature. Le sujet de l'ouvrage aurait pu nous proposer un roman d'aventure représentant une année d'une vie à la Robinson Crusoé entre un père et un fils. Mais non. Enfin, si, mais pas que. Je m'explique : David Vann a décidé de donner un ton très noir à son intrigue. L'auteur dégage une telle force dans son écriture, que, d'entrée de jeu, on sait que cette histoire va mal tourner. Le père, deux divorces à son actif, dentiste raté s'entête à fiche en l'air ses relations au travers de nombreux adultères. Que dire de plus si ce n'est qu'un beau jour, la prise de conscience finit toujours par arriver. Et lui, ça lui arrive un peu tard sur cette île. Seul. Avec son fils de 13 ans. Quant à Roy, il nous est présenté comme un enfant équilibré, en pleine adolescence. Il commence à se découvrir, à penser aux filles. Bref, il est bien dans sa vie, bien dans sa tête. Il n'avait aucune envie de de se perdre en pleine nature durant une année, mais en bon fils qu'il est, il a voulu faire plaisir à son père.

J'ai aimé la tonalité que l'auteur donne à ses deux seuls et uniques protagonistes. Aucun lien ne se crée entre Jim, Roy et le lecteur. A la fin du roman, ils ne nous semblent pas familier. Je ne pense pas que c'est ce que recherchait David Vann lorsqu'il a écrit son roman. Il cherchait quelque chose de bien plus profond. A travers son roman il réussit à nous faire graviter autour de plusieurs sentiments. Déjà, indéniablement, les réflexions du paternel sur ses sempiternels échecs dont il ne cesse de nous rabâcher les oreilles, nous pousse à l'introspection. Il incarne la personne dont aucun lecteur ne voudrait réussir à s'identifier. J'ai détesté ce père ingrat, égoïste, qui ne prend même pas conscience que les choses simples sont tout simplement les meilleures : l'amour et les relations parent/enfant. Son fils est là présent sous ses yeux, mais il ne le voit pas. Puis, l'auteur nous met face aux problèmes qui surviennent indéniablement lorsqu'il y a absence de communication. Ils sont seuls, sur une île, mais ne se parlent pas. Le père passe son temps à se plaindre, et le fils ne veut pas aller à l'encontre des idées de son père. J'ai aimé le portrait conflictuel dressé par David Vann concernant les rapports qui peuvent exister entre un père et son fils qui ne se comprennent pas.

J'ai aimé la construction du roman qui ne contient aucun chapitre et qui se décline tout simplement en deux parties. La première nous plonge dans leur univers, perdu, en pleine nature. L'auteur nous met face aux difficultés que vont rencontrer les deux hommes. La dure réalité des choses, les animaux sauvages, le climat qui ne leur fait pas de cadeau. Les aléas d'une vie de Robinson Crusoé telle qu'elle doit l'être vraiment (à mon avis). Et, forcément quelque chose va survenir et venir troubler leur quotidien. Suite à cet épisode auquel le lecteur ne cesse de s'attendre, la deuxième partie de l’œuvre prend toute son ampleur. Je ne peux vous en dévoiler plus sur cette seconde partie, sans vous gâcher le plaisir de découvrir ce qu'il va se passer.

J'espère sincèrement que l'auteur réussira avec vous ce qu'il a grandement réussi avec moi : emmener votre esprit aussi loin qu'il a réussi à transporter le miens. J'espère que comme moi, vous ne ressortirez pas indemne de votre lecture.


Ma note :

3 commentaires:

  1. Cet auteur a une écriture très singulière. J'ai lu "Goat Mountain", sa dernière parution en France, et j'ai noté la même chose que toi pour ce roman ci. C'est vrai qu'on ne ressort pas indemne de ses romans et il est difficile d'en lire plusieurs d'affilé. Je laisse passer un peu de temps pour ma part avant de découvrir ce "Sukkwan Osland" que j'ai dans ma PAL :)

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    1. Tu ne seras pas déçue je pense. Pour ma part j'ai grand hâte de découvrir Goat Mountain et Désolation :) Tiens moi au courant surtout une fois que tu l'auras lu ;)

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  2. Dans ma liste d'envie ! Ton billet me donne envie de le basculer dans ma PAL ^^

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